eau potable

vendredi, août 30, 2013

Thilafushi, l'île poubelle

Thilafushi, l'île poubelle


Maldives – l’île poubelle


De Yann Le Gléau et Sébastien Mesquida – ARTE GEIE / What’s Up Productions – France 2010

C’est une anomalie dans le paysage, presqu’une hallucination au cœur d’un archipel paradisiaque.
A quelques kilomètres de Malé, la capitale des Maldives, une seule île avale les déchets de centaines de milliers d’habitants mais aussi de touristes. Aujourd’hui, elle déborde et les ordures qui se déversent chaque jour dans l’océan indien menacent l’environnement.

Pourtant, il y a encore une trentaine d’années, Thilafushi était un lagon comme les autres, baigné par les eaux turquoises.
Mais en 1992, le gouvernement décide de le sacrifier : la démographie croissante de l’île principale conjuguée au développement de l’industrie touristique ne permet plus de traiter les déchets sur une terre habitée.

L’île poubelle est née. Camions et bulldozers débarquent, ils comblent le lagon… avec des ordures. Sept kilomètres de long pour deux cents mètres de large, Thilafushi continue de gagner du terrain sur l’océan, à raison de près d'un mètre carré par jour.

Habitée par près d’un tiers des habitants de l’archipel, soit plus de 100 000 habitants, Malé fournit une bonne partie des déchets.

Mais avec près de 600 000 visiteurs étrangers par an, le tourisme est évidemment pointé du doigt. Le secteur importe presque tout pour assurer l’accueil et rénover les prestigieux hôtels de l’archipel.
Résultat, chaque touriste génère 3,5 kg de déchets par jour...

Téléphones portables, piles usagées et autres déchets électroniques se trouvent ainsi mêlés aux bouteilles plastiques, cartons, déchets métalliques et toxiques, sans aucun système de traitement spécifique. Des éléments toxiques, tels le plomb, le cadmium, le mercure ou encore l'amiante, contaminent la faune et la flore de l'océan.

Pour gérer le site, l’Etat a fait appel aux travailleurs étrangers. Des dizaines de Bangladais errent ainsi comme des fantômes dans les fumées toxiques de Thilafushi. Une partie d’entre eux fouille dans les déchets brûlants à la recherche de métal qu’ils revendront pour quelques centimes d’euros.

Le ministère de l’environnement des Maldives tente de trouver une alternative. De grands incinérateurs pourraient être installés sur l’île mais aucune date précise n’a été arrêtée et l’archipel fait face à un problème plus inquiétant encore : celui de la montée des océans.

Ironie de l’histoire : en cas d’inondation, l’île poubelle resterait l’une des dernières terres émergées des Maldives, seul témoin d’un paradis condamné par les océans.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire